UE 4.6.S4 – Soins éducatifs et préventifs
IFSI Centre-Capelette (13)
Avril 2020
Sujet
Kevin est un jeune homme âgé de 15 ans. Il pèse 69 kg pour 1m75.
Scolarisé en classe de seconde depuis la rentrée de septembre dans un lycée professionnel, il souhaite obtenir un bac professionnel pour exercer le métier de paysagiste. Il n’a jamais redoublé, ses résultats scolaires ont toujours été corrects.
L’entrée au lycée est source d’un grand stress pour Kevin. Il a changé d’établissement et a perdu de vue un grand nombre de ses copains de collège. De plus, il est scolarisé à 40 kilomètres de son domicile, ce qui l’oblige à prendre le bus à 07h00 tous les matins, et à déjeuner à la cantine, choses nouvelles pour lui qui, depuis l’école primaire, se rendait à pied à l’école et rentrait manger chez lui tous les midis.
Il est l’ainé d’une fratrie de 3 enfants. Kevin a deux sœurs âgées de 11 et 13 ans. Ses parents sont divorcés. Une garde alternée a été décidée par le juge ainsi, lui et ses sœurs se rendent chez leur père un week-end sur 2 et la moitié des vacances scolaires.
Tous les week-ends, Kevin pratique le football, il est inscrit dans le club de sa ville depuis l’âge de 8 ans. Il ne rate jamais un entrainement ou une compétition.
Lundi dernier, à 10h, après le cours d’éducation physique, Kevin est victime d’un malaise.
Le cours a lieu dans le gymnase, le lycéen a eu très chaud et soif, il a bu une cannette de soda. Il est transporté à l’infirmerie où il explique à l’infirmière ce qu’il a ressenti au moment du malaise : ses jambes se dérobaient sous lui, sa respiration s’accélérait, il a été pris de nausées sans vomissement, de douleurs abdominales. Kevin explique également que depuis quelques semaines il a tout le temps soif, se sent fatigué, urine souvent et beaucoup. L’infirmière effectue un prélèvement sanguin capillaire qui révèle une glycémie à 2.5 g/L ainsi qu’une analyse d’urines par bandelette qui révèle la présence de corps cétoniques.
Ses parents ont été prévenus, sa maman arrive très rapidement et Kevin est transféré à l’hôpital dans le service d’endocrinologie accompagné de sa mère. Son père en déplacement n’a pu le rejoindre.
A son arrivée à l’hôpital, Kevin est pris en charge par le docteur Bertrand, endocrinologue, qui prescrit immédiatement un bilan (glycémie, dosage de l’HbA1c -hémoglobine glyquée), numération formule sanguine, bilan lipidique (cholestérol total et HDL, triglycérides), bilan de la fonction rénale (créatininémie, clairance de la créatinine, micro albuminurie). Les résultats révèleront une acidose, une hyperkaliémie, une diminution de la réserve alcaline, une glycémie très supérieure à la normale ainsi qu’une cétose urinaire et sanguine.
Le docteur Bertrand pose le diagnostic de malaise acidocétosique inaugural d’un diabète de type 1, (diabète insulinodépendant), il en fait l’annonce à Kevin et sa maman.
Les deux premiers jours d’hospitalisation, Kevin refuse catégoriquement d’accepter sa pathologie. Il ne veut pas en entendre parler, refuse de s’inscrire dans un processus d’apprentissage ayant pour but la gestion de sa pathologie (la maîtrise des gestes d’auto surveillance, le traitement, etc.).
Au terme de son 3ième jour d’hospitalisation, il s’est ouvert aux explications pratiques (les glycémies capillaires, les injections d’insuline, les complications…), aux règles de diététique. Le docteur Bertrand en profite pour demander à Nathalie, infirmière référente en éducation thérapeutique de mettre en place une éducation thérapeutique pour Kevin.
Vous êtes étudiant(e) de 2ième année dans le service d’endocrinologie. Nathalie est votre infirmière tutrice, elle vous propose de réaliser sous sa responsabilité, l’éducation thérapeutique de Kevin.
Vous vous rendez dans la chambre du patient.
En entrant dans la chambre, vous découvrez Kevin installé sur son lit avec son ordinateur portable, il communique via Skype avec des copains du lycée. Nathalie lui explique que vous venez faire le point avec lui et sa maman sur sa pathologie et lui demande s’il est disposé à répondre à quelques questions. Kevin accepte, l’entretien débute.
Vous posez des questions bien précises auxquelles Kevin répond sans détour.
L’entretien laisse apparaitre que Kevin sait que le diabète est une pathologie chronique, il connait les complications possibles du diabète, les normes d’une glycémie, les signes d’une hyper et d’une hypoglycémie et la conduite à tenir en cas de survenue, l’importance du contrôle de son alimentation (apport en glucides des aliments), qu’en fonction des résultats de la glycémie capillaire, il sera parfois nécessaire d’ajuster les doses d’insuline. Le médecin a d’ailleurs mis en place un protocole d’insuline.
De même, il connaît les risques qu’il encourt en cas de non respect du traitement, de l’insuffisance de surveillance de son diabète sur sa santé et sa scolarité mais pour autant, refuse toujours de pratiquer les glycémies capillaires et les injections d’insuline.
Il sait qu’il doit apprendre à gérer seul son diabète, mais pour le moment subsiste toujours l’appréhension des « piqûres » au lycée.
Kevin dit être très inquiet quant à sa vie future, il voudrait pouvoir continuer à vivre « normalement », comme ses copains. Il dit d’ailleurs qu’avec cette maladie :
- « Sa vie est foutue car trop de contraintes, d’interdits». Il envisage même d’arrêter la pratique du football par peur de faire des malaises et de devoir être à nouveau hospitalisé.
- Il ne pourra plus sortir avec ses copains pour boire un pot ou manger « McDo, Burger King»
- Il ne va pas oser faire ses contrôles de glycémie et ses injections d’insulines au lycée, par crainte que l’on se moque de lui ou qu’on le « prenne pour un drogué». Il a d’ailleurs vu des lycéens se moquer d’une étudiante qui comme lui est diabétique insulinodépendante.
- Avec sa maladie, le métier vers lequel il s’oriente (paysagiste) peut être source de complications de son état de santé mais n’imagine pas faire autre chose. Kevin dit avoir conscience de l’importance du respect des règles d’hygiène et d’asepsie.
- Il se demande s’il va pouvoir avoir droit à un lecteur de glycémie de petite taille, le plus discret possible car ne voudrait pas que ses copains soient au courant de sa maladie, il préférerait que cela ne se sache pas.
Kevin explique que l’entrée au lycée a été source d’un grand stress car lors du changement d’établissement, il a perdu de vue un grand nombre de ses copains de collège.
Tous les midis, Kevin mange à la cantine et les repas qui y sont servis, ne sont pas à son goût. Aussi, préfère-t-il aller au snack qui se trouve en face du lycée.
D’après les dires de sa mère, le jeune homme, est depuis plusieurs mois dans un refus constant d’autorité, en perpétuelle contestation de tout, ce qui s’est accentué depuis le divorce de ses parents, Kevin étant à présent le seul « homme de la famille ».
Mais, pour autant, il n’a jamais été à ce point replié sur lui-même, à ce point passif.
A la fin de l’entretien Kevin dit se sentir en sécurité dans le service et être pris en charge par des personnes compétentes et attentives ce qui le rassure énormément. Il a très mal réagi à l’annonce de sa pathologie, qu’il vit comme une injustice.
A la fin de son hospitalisation, Kevin n’est pas totalement autonome. En effet, il est toujours un peu stressé de devoir « se piquer » au lycée pour les contrôles de sa glycémie et ses injections d’insuline. Le service d’endocrinologie s’est mis en contact avec l’infirmière scolaire qui assurera son accompagnement jusqu’à la prochaine hospitalisation de Kevin en endocrinologie programmée dans un mois.
Questions
Question 1 (1 point) – A quoi correspond le premier entretien que vous avez réalisé auprès de Kévin ?
Question 2 (1 point) – Quel était l’objectif de cette première étape de l’éducation thérapeutique ?
Question 3 (10 points) – Pour chacune des dimensions du bilan éducatif partagé que vous écrirez, proposez un exemple dans le cas spécifique de Kévin et citez une ou plusieurs phrases du texte.
Question 4 (6 points) – Élaborez des objectifs éducatifs réalisables requis par la situation de soins de Kévin et proposez des actions éducatives permettant l’atteinte de ces objectifs.
Source: IFSI Centre-Capelette