UE 1.3.S4 – Législation, éthique, déontologie
IFSI du CHR d’Orléans (45)
Mai 2020

Sujet

Mme G, 24 ans arrive en réanimation. Elle vient d’une maternité voisine. Elle y a accouché la veille de son premier bébé. L’accouchement a été déclenché à la trentième semaine de la grossesse du fait d’une complication. L’enfant est né par césarienne. Il va bien. Il a néanmoins été transféré en néonatalogie à cause de sa prématurité. Quelques heures après l’accouchement, il devient manifeste que Mme G. saigne abondamment de l’utérus. L’obstétricien ré intervient et parvient à stopper l’hémorragie, mais Mme G est très affaiblie et la maternité préfère transférer la patiente dans un service plus approprié.

 

A l’arrivée en réanimation, la malade est pâle et fatiguée ; sa tension artérielle est stable, ainsi que son état général ; dans l’immédiat elle n’est pas en danger. Ceci dit le taux d’hémoglobine est à peine au-dessus de 6 gr/l.  Le réanimateur suggère une transfusion sanguine. Mme G et son mari répondent fermement qu’il n’en est pas question : leurs convictions religieuses l’interdisent : ils sont témoins de Jéhovah.

Il est une heure du matin. Le taux d’hémoglobine de Mme G continue de chuter. Il est maintenant à 4 gr/l. Pourtant le saignement n’a pas repris. Cette chute s’explique par une dilution du sang secondaire aux perfusions que l’état de la patiente impose. La dilution rend encore plus précaire la situation médicale de Mme G. Mais celle-ci, malgré le fait que son mari ne soit pas à son chevet, refuse la transfusion sanguine qui lui est à nouveau proposée. Elle signe un écrit, confirmant son refus et le fait qu’elle a été bien informée du risque vital qu’elle prend. La décision de transfuser est à nouveau repoussée. Néanmoins, le sang qui sera éventuellement nécessaire est commandé.

Huit heures du matin. Le taux d’hémoglobine est à 3,5 gr/l. La malade est épuisée, mais parfaitement lucide.  La situation médicale n’a pas changé ; d’autant plus « à risque » que la dilution s’est accentuée, sans être alarmante  immédiatement. Du fer et de l’érythropoïétine ont été prescrits, mais on sait qu’ils mettront du temps à produire de l’effet. Le mari de Mme G est à nouveau à son chevet. La négociation tendue continue entre le médecin et la patiente. Mme G et son mari se plaignent de « harcèlement ». La mère de Mme G est aussi présente, qui est également témoin de Jéhovah. Elle laisse espérer au médecin que sa condition de mère et de grand-mère rendra sa fille plus sensible au risque vital. Mais, après avoir entendu la position de sa fille, elle se range à son avis, demandant au médecin de la respecter. Le médecin demande l’avis à plusieurs de ses confrères  de l’hôpital. La plupart sont en faveur de la transfusion sanguine.

Le médecin ne sait quoi décider devant l’insistance de Mme G de refuser la transfusion.  Il vient dans la salle de soin et demande à l’équipe de l’aider dans sa décision et de lui faire des propositions.

 

L’équipe pose le dilemme suivant :

  • Choix 1 : Transfuser Mme G au bénéfice de sa santé et de sa survie mais au risque d’aller à l’encontre de ses convictions religieuses ?
  • Choix 2 : Ne pas transfuser Mme G au risque qu’elle décède mais dans le respect de son choix ?

 

Question 1 (2,5 pts) – Quels sont les éléments scientifiques (bio/psycho/social) issus de la situation et de vos connaissances sur lesquels vous vous appuyez pour argumenter le choix 1 ? le choix 2 ? Développez les éléments avancés.

 

Question 2 (2,5 pts) – A l’aide de votre livret législatif, citez les textes sur lesquels vous vous appuyez pour argumenter le choix 1 ? le choix 2 ? Vous expliquerez vos choix.

 

Question 3 (1,5 pts) – Quels sont les arguments philosophiques et sociologiques que vous pouvez évoquer ? Vous expliquerez vos arguments.

 

Question 4 (1,5 pts) – Quels sont les principes éthiques sur lesquels vous vous appuyez pour argumenter la réflexion ?

 

Question 5 (4 pts)   Faites le tableau de proportionnalité.

 

Question 6 (3 pts) – Quelle décision collégiale prenez-vous ? Argumentez en quelques lignes. Comment la mettez-vous concrètement en place ?

 


Source: IFSI du CHR d’Orléans