Juin 2021

UE 1.3.S4 – Législation, éthique, déontologie

Université de Bordeaux (33)

Sujet

Réflexion éthique autour d’une situation clinique

Histoire de la patiente

Madame B, 82 ans, est entrée le dans le service de médecine gériatrique il y a 15 jours pour altération de l’état général .Cette patiente, ancienne professeur de français est veuve et vit seule à son domicile. Elle a été retrouvée au sol à son domicile par son médecin traitant dans un contexte d’incurie. A son arrivée dans l’unité, la patiente est asthénique, hyperthermique et dénutrie. Les différentes investigations pratiquées permettent de diagnostiquer une arthrite septique très douloureuse localisée à l’épaule droite qui a nécessité la mise en place d’une antibiothérapie par voie intraveineuse. Cette dernière n’a pas permis de juguler l’infection et Madame B présente depuis peu un foyer infectieux pleural pour lequel un avis des médecins infectiologues a été sollicité. Ces derniers préconisent la réalisation d’un acte invasif, une ponction pleurale, dans le but de faire baisser la charge bactérienne mais sans pouvoir toutefois certifier l’efficacité de cet acte. Le médecin du service est indécis quant à la réalisation de cette ponction.

Concernant l’état antérieur de Madame B, le médecin traitant explique la connaitre peu et parle d’un isolement médical et familial ; Madame B aurait bénéficié pendant quelque temps d’auxiliaires de vie mais aurait elle-même mis fin à la prise en soins.

Entourage de la patiente

Madame B n’a pas rédigé de directives anticipées ni désigné de personne de confiance et elle ne bénéficie pas de protection juridique. Elle a une fille unique qui est peu investie dans la prise en soins de sa mère. Elle vient rarement lui rendre visite et elle ne répond pas aux sollicitations des soignants lorsqu’ils la consultent au sujet de sa mère. Elle dévie la conversation et dit simplement qu’elle ne reconnait plus sa mère et trouve qu’elle a beaucoup changé depuis 2 ans sans autres précisions. Par ailleurs, la fille de Madame B lors d’échanges avec l’équipe s’exprime sur ses préoccupations actuelles qui portent sur le plan financier et plus particulièrement sur le patrimoine de sa mère. Elle a indiqué être à la recherche de la carte bancaire de sa mère et se questionne sur le devenir de sa maison.

De plus, Madame B, reçoit des appels téléphoniques quotidiens et des visites d’une amie, Bérangère, ancienne étudiante de Madame B, qui semble investie affectivement dans la relation. Cette dernière décrit la patiente comme une personne active, ayant une vie sociale et des centres d’intérêt dont une passion pour l’écriture et l’engagement dans un club de théâtre. Bérangère a insisté auprès de l’équipe soignante pour que celle-ci mette tout en œuvre pour guérir Madame B car elle souhaite la retrouver au plus vite comme avant et partager avec elle de bons moments.

Situation actuelle de la patiente

L’état de Madame B n’a cessé de se dégrader depuis le début de son hospitalisation et à ce jour, elle est dépendante pour tous les actes de la vie quotidienne.

Elle bénéficie d’une toilette complète au lit et de changements réguliers de position mais commence à présenter une altération de l’état cutané avec un début d’escarre sacrée.

Elle est douloureuse lors des mobilisations et bénéficie d’un traitement antalgique par Oramorph® 20 mg par jour.

Sur le plan respiratoire, la patiente présente une dyspnée modérée traitée par oxygénothérapie aux lunettes à un débit de 2 litres par minute.

Au niveau alimentaire, la patiente mange très peu et présente un état de dénutrition sévère avec une albuminémie à 17g/ l.

Au niveau relationnel, au début de l’hospitalisation, Madame B sollicitait beaucoup les soignants en appelant sans cesse avec la sonnette sans toutefois exprimer clairement ses besoins. A ce jour, elle est mutique, semble indifférente aux soins la plupart du temps et ne participe pas aux décisions médicales la concernant. Ses seules manifestations sont des cris et des gémissements lors des soins d’hygiène et des mobilisations et parfois un regard difficile à supporter pour les soignants car il exprime de la tristesse. Depuis l’entrée, l’équipe médicale évoque la possibilité d’une pathologie psychiatrique sous- jacente méconnue ou des troubles cognitifs non étiquetés mais difficilement évaluables en contexte aigue.

L’équipe médicale (le chef de clinique, un interne et 2 externes) et l’équipe soignante (la cadre de santé, 2 IDE et 2 AS) se réunissent ce jour pour échanger sur la situation de la patiente et envisager son devenir.

Questions

1 – Analyser la situation et identifier les questions éthiques suscitées par cette situation (8 pts)

2 – Définir et caractériser les différents concepts et/ou principes éthiques permettant de formuler les différentes hypothèses de décisions ou propositions envisagées par le groupe (5 pts)

3 – A l’aide de ces éléments, argumenter l’hypothèse ou la proposition de décision retenue par le groupe vis-à-vis de la situation présentée (4 pts)

Présentation (3 pts)

Source: Université de Bordeaux