UE 1.3.S4 – Législation, éthique, déontologie
Université Paris Descartes (75)
Août 2019
Sujet
Madame F, 91 ans est une patiente qui, jusqu’à la survenue d’un accident comme piéton sur la voie publique, vivait seule à domicile dans le 15e arrondissement de Paris. Ancienne responsable de la Croix Rouge, Madame F est veuve depuis 10 ans, elle a deux enfants, un fils qui vit et travaille dans le sud-ouest et une fille qui habite et travaille en banlieue parisienne (à 1 heure de transport de chez sa mère).
Madame F se fait renverser début avril par un scooter sur le passage piéton, avec fracture du col du fémur, nécessitant la mise en place d’une prothèse totale de hanche. Elle est prise en charge en chirurgie, en urgence, dans un hôpital parisien.
La famille, très présente, explique à l’équipe de chirurgie que Madame F fait ses courses seule dans son quartier. Elle a une femme de ménage qui vient deux fois par semaine. Elle est indépendante pour la toilette, l’alimentation et l’habillage. Elle aime la lecture qu’elle pratique tous les jours et le scrabble auquel elle joue de temps à autre avec des ami(e)s ou sa famille. Elle reçoit sa famille régulièrement. Cependant elle a eu des épisodes de désorientation temporo-spatiale et de fausses reconnaissances (3 durant les 12 derniers mois). Elle a bénéficié d’un bilan neurologique et cardiologique qui a conclu à des éléments évocateurs d’accidents ischémiques transitoires et d’un terrain à surveiller pouvant faire craindre l’installation d’une démence d’origine vasculaire. Elle a été mise sous anticoagulant par voie orale (antiagrégant plaquettaire). Sa tension artérielle est normale et elle ne prend aucun autre traitement. Elle ne présente aucun autre antécédent, ni facteur de risque.
Lors de l’hospitalisation, d’un point de vue orthopédique, Madame F présente des suites normales. Cependant, elle fait deux épisodes de désorientation temporo spatiale. Le 1er de 4 jours à l’issue de l’intervention avec retour à la normale et le second, 8 jours plus tard, de 2 jours avec également retour à la normale. Un scanner est réalisé et confirme les diagnostics antérieurs : « lésions en faveur d’accidents ischémiques diffuses ». Le doppler des vaisseaux du cou montre quelques plaques athéromateuses, « classiques pour l’âge », au niveau carotidien. L’échographie cardiaque est normale.
La patiente est orientée fin avril vers un service de soins de suites et de réadaptation (proche de son domicile) pour rééducation à la marche (kinésithérapie + piscine).
Au bout de 8 jours, on note une dégradation psychologique forte avec installation d’une note dépressive. Elle expose aux infirmières et au médecin qui la suivent, qu’elle souhaiterait retourner à domicile et qu’elle n’a pas choisi de venir dans ce centre. Elle ne met pas en cause la qualité du centre, la compétence, ni la gentillesse des personnes, mais elle dit ne pas aimer ce cadre, et être entourée de personnes grabataires et démentes, avec de plus une voisine de chambre qui ne dort pas la nuit, parle et parfois crie. Elle aurait aimé qu’on lui en parle avant son transfert et qu’on lui expose les conditions de son séjour.
Cinq jours plus tard, elle refuse de s’alimenter. Elle n’accepte la prise d’aliment que si c’est sa fille qui vient, c’est à dire une seule fois par jour avec un repas qui est alors complet (la fille ne pouvant venir qu’une seule fois car travaillant et habitant à 1 heure de transport). Elle accepte par ailleurs la toilette, la rééducation et le seul traitement qu’elle a (une injection S/C d’héparine de bas poids moléculaire par jour à visée préventive).
Pendant les mois de mai et juin, la patiente se dégrade et perd du poids. Elle refuse toujours d’autre mode d’alimentation que le repas unique du soir et elle ne veut plus boire dans la journée. Elle réitère sa demande de retour à domicile.
Mi-juillet, face à un état de déshydratation, les médecins proposent une perfusion pour l’hydrater, qu’elle refuse. Elle ré-exprime son désir de retour à domicile.
Le 1er août au matin, l’aide-soignante trouve la patiente somnolente, désorientée et confuse. Un scanner est à nouveau réalisé. Il est sans changement par rapport aux clichés précédents. L’examen neurologique ne montre pas d’autres déficits. Sa tension artérielle est stable entre 120/60mmHg et 110/50mmHg. Elle est totalement dépendante, alitée, la rééducation est suspendue. Elle ne peut plus s’alimenter, ni s’hydrater. Un bilan biologique objective une insuffisance rénale débutante, elle est perfusée et mise sous diurétique. Elle arrache sa perfusion.
L’équipe soignante se réunit pour discuter de sa situation et de l’orientation des soins. A signaler qu’aucune mention de personne de confiance n’existe dans le dossier.
Analysez cette situation clinique en répondant aux questions suivantes :
1). Identifiez les personnes concernées par la situation clinique (1,25 pt)
2). A partir des éléments du texte, identifiez et analysez les éléments significatifs pour chacune de ces personnes (6 pts)
3). Citez les éléments en tension et/ou bloquants à prendre en compte dans cette situation clinique (1 pt)
4). Concernant la situation clinique :
a. Identifiez et expliquez les concepts (philosophiques et/ou moraux et/ou juridiques et/ou déontologiques, cf Code de déontologie des infirmiers) à prendre en compte dans le processus d’analyse de cette situation clinique (7,25 pts)
b. Expliquez-la ou les propositions qui pourraient être envisagées et argumentez pour chacune d’elle leur pertinence (2,25 pts)
5). Identifiez et argumentez 2 critères de l’Ethique de la discussion qui illustrent le fonctionnement de votre groupe (1 pt)
6). Présentation du travail. (Orthographe, syntaxe, vocabulaire professionnel : 0,5 pt) (Bibliographie, sources documentaires : 0,75 pt).
Source: Université Paris Descartes