UE 1.1.S2 – Psychologie, sociologie, anthropologie
Université Paris Diderot (75)
Juin 2020
Sujet
Madame Diallo, jeune femme sénégalaise de 19 ans, est hospitalisée dans un service de diabétologie pour équilibration de son diabète de type 11 qui s’est révélé lors de sa grossesse, il y a un an.
Apparu au 5ème mois de sa grossesse, au décours d’un malaise, elle a été prise en charge conjointement par l’équipe de ce service de diabétologie et par le service d’obstétrique. Son traitement a consisté en un suivi rapproché (un rendez-vous tous les 15 jours) et un traitement par insulinothérapie. Le diabète ayant été relativement contrôlé et le traitement suivi, la grossesse a pu être menée sans problème jusqu’à l’accouchement prématuré, à 8 mois de grossesse.
Depuis la naissance de l’enfant, le suivi et la prise en charge hospitalière a été moins régulier et le diabète s’en est trouvé déséquilibré. En effet, depuis sa sortie de maternité, elle a délaissé l’insuline, préférant traiter son diabète à l’aide de plantes et d’épices spécifiques jusqu’à déclencher un malaise acido-cétosique2. Madame Diallo est dans le service depuis 4 jours et va mieux. L’équipe a débuté une éducation thérapeutique pour que la patiente soit totalement autonome dans ses soins. Interrogée sur son vécu de la maladie, elle précise que son diabète est d’origine ancestrale et que ses ancêtres morts depuis longtemps sont responsables de sa maladie. Par ailleurs, elle est assez réticente à se traiter exclusivement avec de l’insuline, préférant se soigner de manière naturelle, avec des plantes, ce qui crée une situation un peu tendue entre les soignants et la patiente.
Le dossier de soins fait état de plusieurs remarques : Sur la fiche de recueil de données « besoins fondamentaux », à la rubrique « protéger ses téguments », il est noté « gencives noires ». Madame Diallo a expliqué à l’infirmière qu’il s’agit d’un tatouage des gencives qui s’appelle njam, et que c’est un rituel initiatique reçu alors qu’elle avait 14 ans lorsqu’elle vivait encore au Sénégal, spécifique à l’ethnie des Sérères.
Enfin, dans les transmissions, il est noté un doute sur les soins donnés à son bébé par la mère. En effet, une infirmière a assisté à une scène assez éprouvante : Madame DIALLO visionnant sur son téléphone une séance de massages qu’elle a jugés très violents administrés à un nourrisson, « lui tordant la tête et tirant sur le corps », le faisant d’après elle hurler sans que la mère de son point de vue n’en soit émue.
Madame Diallo lui a expliqué que ces gestes sont transmis de génération entre femmes, et qu’elle-même apprend comment masser et modeler un bébé pour le rendre plus fort et plus résistant.
Questions
Question 1 (3 pts) – Lorsque Madame Diallo dit que ses ancêtres morts sont responsables de sa maladie qu’est-ce que cela signifie pour vous en tant que futur soignant ?
Question 2 (3 pts) – Quelles sont les différentes explications de la cause de la maladie que vous connaissez ?
Question 3 (5 pts) – Que pouvez-vous dire de la quête du sens donné à une maladie par la personne malade, est-ce spécifique à la culture Sérère ?
Question 4 (5 pts) – D’après vous quelle serait la bonne attitude à avoir face à la phytothérapie adoptée par Madame Diallo ?
Question 5 (4 pts) – Expliquez ce qu’on appelle en anthropologie les techniques du corps et, en sociologie, l’Hexis corporelle en illustrant par des exemples pris dans le texte.
Source: Université Paris Diderot