UE 1.1.S1 – Psychologie, sociologie, anthropologie
Université Paris Descartes (75)
Février 2017

Correction
1e partie : identifier et définir des concepts à partir du texte suivant (11 points)

Question n°1 (4 pts) – L’aspect et les propos de Mme D ont deux niveaux de sens : un sens manifeste et un sens latent.

a). Définissez ces concepts (2 pts)

Le sens concerne le contenu de ce qui est dit ou montré, adressé à celui qui écoute ou observe.

Il faut distinguer ce qui est manifeste (apparent, donné à voir et/ou à entendre) de ce qui est latent (caché, secret). Le manifeste correspond à ce qui est explicite, alors que le latent correspond à ce qui est implicite ou masqué.

Une souffrance, un besoin, un désir ou une peur ne s’exprime pas forcément directement : ainsi lorsqu’un patient dit quelque chose ou a un comportement particulier, il faut se demander ce que ne dit pas ce qui se donne à entendre et dans quel but. La question à se poser pourrait être : quelle demande ou quelle confidence sur son vécu se cache sous une phrase ou un comportement apparemment anodin ?

 

b). Relevez les éléments significatifs qui illustrent ces différents sens (2 pts)

Eléments illustrant le sens manifeste (1pt) – Au moins 4 éléments attendus (0.25pts par élément) :

  • Mme D continue à effectuer ses tâches administratives avec application,
  • Mais elle dégage une odeur qui dérange les collègues,
  • Elle sait que cela dérange l’environnement,
  • Son aspect physique et vestimentaire se dégrade : 46kg ; cheveux attachés à l’aspect huileux ; chemisier froissé ; pantalon maculé de tâches ; visage marqué ; des poches sous les yeux,
  • Dos est voûté, n’ose pas regarder l’infirmière,
  • Se sent dépourvue : « je n’ai plus envie de vivre, mes enfants sont grands et je suis seule depuis le décès de mon mari »

 

Eléments illustrant le sens latent (1pt) – Au moins 4 éléments attendus (0.25pts par élément) :

  • Son état psychologique se dégrade

  • Les liens sont empêchés – isolement (Odeur –mise à l’écart par les collègues)
  • Impuissance / c’est plus fort qu’elle / Elle sait que son état dérange, mais ne peut pas gérer
  • Pertes insupportables – Deuil impossible – Pulsion de mort (Elle n’a plus envie de vivre)

 

Question n°2 (3 pts)

a). Définissez et expliquez le concept du « holding » de Winnicott (1,5 pts)

Le « Holding » (éléments de cours) : “Dans les premiers moments de la vie extra-utérine, le petit d’homme vit objectivement dans un état d’extrême dépendance vis-à-vis de son environnement humain : il ne peut pas assurer sa survie, subvenir à ses besoins ni gérer ses états émotionnels tout seul (…) Ce sont les gestes de la mère (ou du donneur de soins principal) qui sont le plus à même d’apaiser le nourrisson (…) Après la naissance, la mère développe une sensibilité particulière aux états internes et signaux de son bébé, à tout ce que son bébé lui « communique ». Grâce à cela, elle va pouvoir faire preuve d’une adaptation « sur mesure » auxbesoins du bébé. C’est ce que Winnicott a nommé la « préoccupation maternelle primaire » (…) C’est ce qui lui permet de “s’accorder à eux et répondre de façon adéquate à leurs besoins émotionnels et relationnels pendant leurs premiers temps de vie” (…) Elle développe notamment ce qui Winnicott appelle “Le « holding » ou « portage » « soutien », c’est-à-dire la façon dont la mère, porte, soutient et enveloppe le bébé”.

 

b). Pensez-vous que ce concept s’applique dans cette situation ? Argumentez votre réponse (1,5 pts)

Nous pouvons dire que le « Holding » s’applique ici, car les collègues de Mme D s’inquiètent de son changement et font la démarche d’aller informer la chef de service qui va essayer de comprendre la situation. Constatant la nécessité d’une aide, cette dernière l’oriente vers l’infirmière de la médecine de travail puis vers la psychologue. Mme D qui ne peut plus gérer ses émotions et relations, trouve ici le soutien qui lui permettra de rebondir. Elle est portée par ses collègues.

 

Question n°3 (4 pts)

a). Définissez la seconde topique de Freud et sa théorie des pulsions (2 pts)

La seconde topique de Freud complète sa « cartographie » de l’appareil psychique (la première distinguait 2 « continents » nommés Conscient-préconscient et Inconscient.) et comprend 3 instances : le Ca, le Moi, le Surmoi :

  • Le ça : c’est l’instance, le royaume des pulsions, de la partie pulsionnelle de la personnalité. Les pulsions trouvent leur origine dans le corps, dans les besoins corporels.

  • Le moi : c’est le médiateur entre le ça et le surmoi, qui entrent souvent en conflit. Il sert de « diplomatie » et peut faire souffrir les 2 autres. Il doit veiller à l’auto conservation et à la prise en compte de la réalité extérieure.
  • Le surmoi : c’est le royaume de la morale, des interdits. C’est l’instance qui joue le rôle du censeur et du juge, mais aussi du protecteur. Il est à l’origine des sentiments de honte et de culpabilité que le moi peux éprouver s’il se laisse trop influencer par le ça. Il correspond à l’intériorisation des exigences et des interdits parentaux, sociaux et culturels. Il contient aussi une représentation idéalisée de soi : l’Idéal du moi. En gros, ce que le sujet voudrait être.

La théorie des pulsions : Selon Freud, les pulsions sont typiquement humaines et se distinguent de l’instinct, bien qu’ils aient des points communs. Les pulsions correspondent à la rencontre entre le somatique, ce qui vient du corps, et le psychisme. Il indique que les pulsions sont les représentants, les formes psychiques, des excitations et des besoins corporels. Ainsi, il ne faut pas confondre « pulsion » et « désir ». La pulsion est plus complexe que le désir et plus puissante, car elle contient une dimension de besoin.

 

Freud distingue différentes sortes de pulsions :

  • Les pulsions d’autoconservation : elles sont au service de la protection du moi, elles visent l’intérêt du moi. Elles influencent le côté « égocentrique » de la personnalité. Leur discours peut se formuler ainsi : « pense à toi, protège-toi, n’en fais pas trop, fais ce qui est bon pour toi et fuis ce qui te cause du déplaisir… »

  • Les pulsions sexuelles : malgré leur nom, elles ne concernent pas que la sexualité. Elles concernent le principe de plaisir. Elles vont donc bien au-delà de la recherche de satisfaction sexuelle. Elles visent tout ce qui procure du plaisir.
  • Les pulsions de vie : elles concernent tout ce qui sert la protection, le développement, l’enrichissement du moi, même si cela implique des difficultés ou des conflits. Freud y associe les pulsions sexuelles et les pulsions d’autoconservation.
  • Les pulsions de mort : malgré leur nom, elles ne visent pas la mort de l’individu. Elles ne correspondent pas au désir de mourir. Elles servent la suppression des éprouvés de la souffrance par le moyen drastique, extrême, de la destruction : celle de la capacité d’éprouver et de penser du sujet ou la destruction de l’autre, de celui qui est jugé responsable de l’état de souffrance. Leur but : ne pas souffrir, voire ne pas ressentir. Ce n’est pas la même chose que mourir. C’est plutôt « vivre sans souffrance, sans pensée ou sans relation qui risque de faire souffrir ».

 

b). Quels liens faites-vous avec la perte du désir de vivre de Mme D ? (2 pts)

Mme D se néglige. Elle se laisse aller jusqu’à incommoder ses collègues. Elle sait que cela peut déranger les autres, car son Moi lui permet d’analyser les implications de son impossibilité à prendre soin d’elle-même. Toutefois, elle ne se bat plus pour se préserver. Débordée par le Ça (siège des pulsions), ses pulsions d’autoconservation tout autant que ses pulsions sexuelles ne sont plus à l’œuvre. Des pulsions de mort ont pris le dessus sur ses pulsions de vie, traduisant un état de souffrance psychique très important. Elle n’a plus d’appétence pour la vie et le dit même explicitement « je n’ai plus envie de vivre ». Son Surmoi semble encore, malgré tout, la contraindre à continuer d’effectuer ses tâches administratives avec application.

 

2e partie : identification des concepts en situation clinique réelle (8 pts)

2 à 3 pages maximum

La situation est décrite avec précision, clarté, concision (Méthodologie type QQOCQP)

Description :

  • Confuse, non structurée, pas d’éléments significatifs = 0 pt
  • Insuffisance de structure, insuffisance d’éléments significatifs  = 0,5 à 1,5 pts
  • Claire, structurée, éléments significatifs = 1,5 à 2 pts

 

Le lien avec les soins infirmiers est présent

  • La situation est retranscrite mais sans lien avec les soins infirmiers = 0 pt
  • La situation est retranscrite, en lien avec les soins infirmiers = 1 pt

 

Les concepts en lien avec les connaissances théoriques de l’UE 1.1 sont mis en évidence et argumentés

  • Aucun concept ou concepts non pertinents = 0 pt
  • Concepts plus ou moins pertinents, insuffisamment argumentés, insuffisamment explicités, non mis en lien avec la situation = 0,5 à 1,5 pts
  • Concepts pertinents, argumentés, en lien avec la situation, explicités = 2 à 3 pts
  • Concepts pertinents, argumentés avec références professionnelles, en lien avec la situation, explicités = 3,5 à 4 pts

 

L’anonymat est respecté ; il n’y a pas de jugement de valeurs

  • Anonymat non respecté, jugement de valeur = 0 pt
  • Anonymat respecté mais jugement de valeur = 0,5 pts
  • Anonymat non respecté mais pas de jugement de valeur = 1 pt
  • Anonymat respecté, pas de jugement de valeur = 1,5 pts

 


Source: Université Paris Descartes