UE 1.1.S1 – Psychologie, sociologie, anthropologie
Université Paris Descartes (75)
Août 2017

Correction
1e partie : identifier et définir des concepts à partir du texte suivant (11 points)

Question n°1 (4,5 pts) – Katia a 14 ans. Son âge suppose qu’elle traverse un temps particulier du développement: l’adolescence. Quels sont les changements spécifiques de l’adolescence et leurs conséquences ?

Processus, par lequel tout humain doit obligatoirement passer, l’adolescence est une véritable métamorphose comportant des transformations biologiques, psychologiques et sociales.

 

a). Changements corporels (1,5 pts)

L’adolescence commence avec les changements corporels :
La puberté qui correspond à l’évolution physique (exemples : poitrine, règles pour les filles ; pilosité pour les garçons) et qu’il s’agit de différencier du pubertaire, qui correspond à l’évolution psychique. Rien ne prépare à ces changements qui surviennent parfois très vite. Or le psychisme n’est pas aussi rapide que la réalité des changements du corps, cela provoquant de la déception. De fait, un certain nombre d’adolescents connaissent alors du désarroi et de l’étrangeté face à ces changements subis, qui peuvent les bouleverser et faire vivre un sentiment d’impuissance.

 

b). Du côté des pulsions (1,5 pts)

L’adolescence est traversée par un « retour en force » de la pulsion sexuelle qui était en pause durant la période de latence. Cela peut le déstabiliser du fait d’une réactivation fantasmatique intense qui peut parfois le mettre en « danger pulsionnel ». Il y a effectivement une sexualisation des représentations (rêves, rêveries, autoérotismes…) en parallèle d’une apparition du génital. C’est-à- dire que le corps possède de nouveaux pouvoirs que l’adolescent va devoir progressivement s’approprier. C’est une période de grande violence pour l’adolescent qui doit faire avec un corps nouveau, sexué, empreint de nouvelles pulsions, qu’il doit s’approprier, alors même qu’il est source d’angoisse. Toute cette période se vit sur le mode de l’urgence et du passage à l’acte.

 

c). D’un point d evue des remaniements psychiques, identitaire et narcissique (1,5 pts)

Cela implique alors une rupture avec l’image de soi, enfant, alors même que l’adolescent ne sait pas encore ce qu’il va devenir ou ce qu’il veut être. Ainsi, sa quête d’autonomie se conjugue avec sa peur de l’autonomie. Le narcissisme et l’identité vont être au centre des remaniements psychiques de l’adolescence. Il va ainsi osciller entre ces deux aspects, narcissisme et conquête identitaire. Accéder à l’identité c’est accéder à un processus de subjectivation, au sens de devenir un Sujet à part entière, autonome, unique, avec un corps et une psyché qui fonctionne ensemble. D’où l’idée d’un second processus de séparation/individuation (le premier ayant eu lieu lorsque le tout petit enfant s’est rendu compte qu’il était différent de sa mère).

 

Question n°2 (3,5 pts) – Quelle est la place de « l’agir » dans le processus adolescent ?

Les renoncements aux bénéfices de l’enfance, au corps infantile, aux liens infantiles avec les parents, se font au prix d’affects dépressifs transitoires (moments d’abattements, de tristesse, de morosité…) qui ne sont pas nécessairement pathologiques, à l’adolescence.
Parce que l’on ne renonce pas facilement aux bénéfices de l’enfance, l’adolescent met en œuvre des mécanismes de défense, sorte de résistances. Une des défenses importantes à l’adolescence est le passage à l’acte. Le passage à l’acte vient en lieu et place de la pensée. Etre dans l’agir permet d’éviter d’avoir à se pencher sur ce qui se passe réellement, de penser, de réfléchir, d’élaborer, d’essayer de trouver des solutions. Etre dans l’agir éloigne ainsi l’adolescent de ce qui se passe à l’intérieur de soi. Il est possible ici de faire le lien avec ce qui se passe pour le petit enfant : l’intolérance à la frustration, l’impossibilité d’attendre. Il faut tout, tout de suite, et pendant ce temps- là, on ne réfléchit pas.

Le moi adolescent est fragilisé par tous ces changements liés principalement au pubertaire. L’étayage fournit par le groupe des pairs est alors très important pour se construire.

 

Question n°3 (3 pts) – Que peut-on dire des « agirs » de Katia ?

Les agirs de Katia, sont extrêmes.
Des rapports sexuels tôt et non protégés. Elle semble, tout en même temps, vouloir accéder au corps puissant et sexué de l’adulte et conserver les bénéfices de l’enfance, en ne réfléchissant pas à ses actes, ce qui lui fait prendre de gros risques.

A contrario ne pouvant garder son secret pour elle seule elle se confie à ses amies, qui révèlent le secret qu’elle leur a confié.
Cela peut être vécu comme une trahison par celles-là même qui sont supposées venir soutenir son « moi fragile ».

Par ailleurs, comme pour tout adolescent, Katia qui connait des remaniements psychiques est prise par l’ambivalence liée à la nécessité de se séparer de ses premiers objets d’amour (les parents) pour son devenir adulte. La séparation d’avec son petit ami est un renoncement supplémentaire. Cela vient doubler la violence inhérente au processus et la rendre insupportable, d’où son passage à l’acte ultime : sa tentative de suicide.

 

2e partie : identification des concepts en situation clinique réelle (8 pts)

2 à 3 pages maximum

La situation est décrite avec précision, clarté, concision (Méthodologie type QQOCQP)

Description :

  • Confuse, non structurée, pas d’éléments significatifs = 0 pt
  • Insuffisance de structure, insuffisance d’éléments significatifs  = 0,5 à 1,5 pts
  • Claire, structurée, éléments significatifs = 1,5 à 2 pts

 

Le lien avec les soins infirmiers est présent

  • La situation est retranscrite mais sans lien avec les soins infirmiers = 0 pt
  • La situation est retranscrite, en lien avec les soins infirmiers = 0,5 pt

 

Les concepts en lien avec les connaissances théoriques de l’UE 1.1 sont mis en évidence et argumentés

  • Aucun concept ou concepts non pertinents = 0 pt
  • Concepts plus ou moins pertinents, insuffisamment argumentés, insuffisamment explicités, non mis en lien avec la situation = 0,5 à 1,5 pts
  • Concepts pertinents, argumentés, en lien avec la situation, explicités = 2 à 3 pts
  • Concepts pertinents, argumentés avec références professionnelles, en lien avec la situation, explicités = 3,5 à 4 pts

 

L’anonymat est respecté ; il n’y a pas de jugement de valeurs

  • Anonymat non respecté, jugement de valeur = 0 pt
  • Anonymat respecté mais jugement de valeur = 0,5 pts
  • Anonymat non respecté mais pas de jugement de valeur = 1 pts
  • Anonymat respecté, pas de jugement de valeur = 1,5 pt

 


Source: Université Paris Descartes