UE 3.1.1 – Principes

Capnométrie


I. Définition

La capnométrie correspond à la mesure de la concentration de CO2 dans les gaz respiratoires. Il s’agit d’un monitorage non invasif par branchement sur le circuit de ventilation (généralement par ligne de prélèvement branchée au niveau du filtre patient).

On appelle capnogramme la courbe du CO2.

Valeurs de référence 

  • FetCO2 = 5 à 5,5%
  • PetCO2 = 35 à 40 mmHg
  • PaCO2 = 38 à 42 mmHg

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II. Législation

En France, elle est obligatoire en anesthésie depuis le décret du 5 Décembre 1994.

Article D.712-43 : « Les moyens nécessaires à la réalisation de l’anesthésie doivent permettre de faire bénéficier le patient :

  • D’une surveillance clinique continue
  • D’un matériel d’anesthésie et de suppléance adapté au protocole anesthésique retenu. »

Article D712-44 : « Ces moyens doivent permettre d’assurer, pour chaque patient … le contrôle continu :

  • du débit de l’oxygène administré et de la teneur en oxygène du mélange gazeux inhalé ;
  • de la saturation du sang en oxygène ;
  • des pressions et des débits ventilatoires ainsi que de la concentration en gaz carbonique expiré, lorsque le patient est intubé. »

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III. Physiologie

Le CO2 expiré dépend de :

  • Du métabolisme cellulaire : le CO2 est l’un des produits du métabolisme oxydatif cellulaire (production de CO2)
  • De la circulation : le CO2 est transporté par le sang des cellules vers le poumon (transport de CO2)
  • De la ventilation : reflet direct de l’élimination pulmonaire (élimination de CO2)

Une modification de la quantité de CO2 expiré est donc la conséquence soit d’un trouble métabolique, soit d’un trouble de la circulation soit d’un trouble de la ventilation.

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IV. Courbe de capnométrie

Source du schéma : cours école IADE, 2016

Différentes phases :

  • I. Début de l’expiration, concerne les gaz contenus dans l’espace mort anatomique et instrumental. Concentration en CO2 nulle car il n’y a pas d’échanges pulmonaires.
  • II. Expiration d’un mélange de gaz provenant de l’espace mort anatomique et de gaz alvéolaire.
  • III. Expiration des gaz alvéolaires. Cette valeur est mémorisée et est appelée la fin du plateau alvéolaire PetCO2 ou FetCO2. C’est le reflet de la pression artérielle en CO2.
  • IV. Début de l’inspiration suivante, entraîne une chute du CO2 vers la ligne de base. Niveau minimum de CO2 mesuré pendant cette phase inspiratoire = concentration du CO2 inspiratoire.

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V. Indications de la capnométrie

En ventilation spontanée, elle permet :

  • Surveillance de la ventilation au masque
  • Détection des apnées
  • Appréciation d’une hypercapnie

En ventilation mécanique, elle permet :

  • Contrôle du positionnement de la sonde d’intubation trachéale (après 6 cycles réguliers) ou détecter une intubation oesophagienne
  • Surveillance de la ventilation (détection d’une hypo ou hyperventilation) et adaptation des paramètres ventilatoires
  • Contrôle de l’efficacité d’une réanimation cardio-respiratoire
  • Détection d’un débranchement ou d’une obstruction du circuit
  • Détection de troubles métaboliques, circulatoires ou ventilatoires
  • Détection d’une hyperthermie maligne, d’une embolie, d’une réinhalation
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VI. Gradient artéro-alvéolaire

Gradient artéro-alvéolaire de 2 à 5 mmHg chez le sujet sain en ventilation spontanée, jusqu’à 8 mmHg chez le patient sous anesthésie en ventilation mécanique sans antécédents de pathologies respiratoires.

Intérêt de prélever une gazométrie artérielle dans certaines situations pour quantifier ce gradient.

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VII. Interprétation des résultats

Absence de courbe

  • Intubation oesophagienne
  • Extubation accidentelle
  • Ligne de capno non branchée
  • Calibration de la capno
  • Débranchement
  • Arrêt cardio-respiratoire
  • Dysfonctionnement du respirateur

Diminution de la PetCO2

  • Hyperventilation
  • Troubles métaboliques : hypothermie, sédation profonde
  • Troubles de la circulation : baisse du débit cardiaque, hypovolémie, hypotension artérielle, embolie
  • Troubles de la ventilation : bronchospasme, obstruction partielle des voies aériennes
  • Problème matériel : fuite, obstruction des tuyaux
  • ACR (chute brutale)
  • Déplacement de la sonde d’intubation
  • Pneumothorax compressif
  • Effet espace mort (territoire pulmonaire bien ventilé mais mal perfusé)

Augmentation de la PetCO2

  • Hypoventilation
  • Troubles métaboliques : douleur, hyperthermie, hyperthermie maligne
  • Troubles de la circulation : augmentation du débit cardiaque
  • Troubles de la ventilation : insuffisance respiratoire, pathologie obstructive, dépression ventilatoire
  • Problème matériel : valve expiratoire défectueuse, espace mort mécanique trop important
  • Lâcher de garrot en orthopédie
  • Diminution de la sédation
  • Réabsorption de CO2 (coelioscopie, chaux sodée saturée)

Déformation de la courbe

  • Intubation sélective
  • Patient décurarisé, ventile seule
  • Bronchospasme
  • Bronchite chronique

En cas d’arrêt cardio-respiratoire, l’efficacité des manoeuvres de réanimation est appréciée par la PetCO2. Elle indique un pronostic défavorable si elle est inférieure à 10mmHg.

Réinhalation (FiCO2 > 0) : chaux sodée saturée, dysfonction des valves ou débit de gaz frais trop bas

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VIII. Exemples de modifications du capnogramme

Pour résumer ..


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Sources:

  • Capnographie sur laryngo.com
  • Cours école IADE
  • Décret no 94-1050 du 5 décembre 1994 relatif aux conditions techniques de fonctionnement des établissements de santé en ce qui concerne la pratique de l’anesthésie sur legifrance.gouv.fr
  • Fiches pratiques IADE, 2017, Elsevier Masson
  • La capnographie sur sofia.medicalistes.fr
  • Oxymétrie et capnométrie, 2020, J L Bourgain sur em-consulte.com
  • Protocoles 2022, MAPAR éditions, 16e édition

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Mis à jour le 20/11/2022

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Auteur : Julie VIOLET

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