Les infections nosocomiales

I. Généralités

UN MONDE PLEIN DE BACTÉRIES

Bactéries: première forme de vie sur terre

108 à 109 bactéries/g de terre de surface

1015 bactéries chez l’homme: 10 fois plus de bactéries que de cellules dans le corps = les flores bactériennes

LA DIFFICULTÉ

Soigner les malades sans les infecter avec les bactéries

  • des flores
  • de l’environnement
  • et tous les autres microorganismes
DÉFINITION: INFECTION NOSOCOMIALE

Acquise dans un établissement de soins

  • ni présente à l’admission
  • ni en cours d’incubation à l’admission
  • secondaire ou non à un acte invasif

Délai de survenue

  • variable: en cas de difficulté pour préciser le début, on applique le critère si > 48-72h après admission
  • infection de site opératoire: surveillance jusqu’à 30 jours
  • prothèse ou implant: surveillance jusqu’à 1 an

Remarques

  • une infection nosocomiale peut survenir après la sortie du patient
DÉFINITION: INFECTION ASSOCIÉE AUX SOINS

Acquise dans un établissement de soins = nosocomiales

Acquise au cours ou au décours d’une prise en charge d’un patient en dehors de l’hopital

  • hospitalisation à domicile
  • cabinet médical
  • cabinet d’infirmière
  • soins infirmier à domicile
  • laboratoire d’analyse
DIFFÉRENTS TYPES D’INFECTIONS

Nosocomiale: acquise à l’hôpital

  • référence au lieu d’acquisition

Iatrogène: directement liée aux actes médico-techniques

  • référence aux circonstances d’acquisition

Opportuniste: en cas d’immunodéficience

  • référence au terrain

3 notions indépendantes qui peuvent être complémentaires

INFECTIONS NOSOCOMIALES

Acte invasif

  • infection sur sonde urinaire
  • infection sur cathéter de perfusion
  • infection du site opératoire

Pas d’acte invasif, à partir d’une personne malade

  • grippe acquise à partir d’un soignant malade

Pas d’acte invasif, à partir de l’environnement

  • légionellose (infection pulmonaire) à partir du réseau d’eau contaminé de l’hôpital chez un malade insuffisant respiratoire
INFECTIONS IATROGÈNES

Acte invasif et nosocomial

Acte invasif et non nosocomial

  • infiltration du genou au cabinet médical
  • injection IM à domicile

Pas d’acte invasif, chez un immunodéprimé

  • aspergillose (champignon de l’air) chez un cancéreux avec chimiothérapie
INFECTIONS OPPORTUNISTES

Acte invasif et nosocomial et iatrogène

  • infection sur cathéter de perfusion avec un germe peu pathogène chez un immunodéprimé

Pas d’acte invasif mais iatrogène (traitement)

Pas d’acte invasif, chez un immunodéprimé

CONSÉQUENCES

Morbidité: 600 000 à 1 million de patients par an en court séjour

Mortalité: environ 4 000 à 8 000 décès par an

Augmentation de la durée d’hospitalisation (2-10 jours)

Coût économique

Coût social, impact psychologique

Emergence de bactéries multirésistantes (BMR)

 

II. Modes d’acquisition et de transmission

MODES D’ACQUISITION

Exogène

  • transmission du micro-organisme par les mains: manuportage (environ 40% des infections nosocomiales) via le personnel de soins
  • à partir de l’environnement (air, eau, sol, matériel contaminé)

Endogène

  • par la flore de l’hôte (primaire ou flore hospitalière): infections sur dispositifs invasifs
MODE DE TRANSMISSION: CONTACT

Direct

  • micro-organisme transféré directement d’une personne à une autre

Indirect

  • transfert du micro-organisme par l’intermédiaire d’objet
MODE DE TRANSMISSION: GOUTTELETTES

Une forme de transmission par contact mais avec un mécanisme de transfert particulier

  • micro-organisme n’est pas propulsé à plus de 1.5 mètres
  • il ne reste pas en suspension dans l’air
  • transmission généralement par contact avec une muqueuse (bouchez, nez, oeil)
MODE DE TRANSMISSION: AIR

Dissémination de noyau de gouttelettes (ou droplet nuclei) = petites particules qui contiennent le micro-organisme

Peut rester dans l’air pendant de longues périodes

Peuvent être transportées par des mouvements d’air ou des particules de poussière

A l’opposé des gouttelettes, les particules sont inhalées par l’hôte

 

III. Prévention des infections nosocomiales

LES PRÉCAUTIONS « STANDARD »

Quel que soit le patient, des précautions d’hygiène doivent être appliquées afin d’assurer une protection systématique des patients et du personnel vis-à-vis des risques infectieux

Recommandations

  • Lavage et/ou désinfection des mains
  • Port de gants
  • Port de sur-blouse, lunettes, masque
  • Matériel souillé (objets piquants, coupants, tranchants): conteneur adapté
  • Surfaces souillées par liquide biologique: nettoyer et désinfecter immédiatement
  • Transport des prélèvements biologiques, du linge et matériel souillé: transportés dans un emballage étanche et fermé

Ne jamais recapuchonner une aiguille, ne jamais désadapter une aiguille à la main

Indications du port de gants

  • un patient = une paire de gants
  • une paire de gants = un geste
  • non stériles pour la réalisation de gestes contaminants
  • stériles pour les procédures invasives nécessitant une asepsie chirurgicale
PROCÉDURES DE SOINS

Prévention des infections urinaires sur sonde

  • limitation des indications
  • système clos
  • limitation de la durée
  • réévaluation quotidienne de l’indication
  • pas de changement systématique de sonde
  • pas de traitement antibiotique systématique des colonisations urinaires

Prévention des infections sur cathéter veineux périphérique

  • détersion cutanée + antisepsie
  • changement cathéter toutes les 72-96 heures
  • changement des pansements si souillés ou décollés
  • changement des cathéters posés en urgence

Prévention des infections du site opératoire

  • dépilation uniquement si indispensable
  • douche antiseptique pré-opératoire
  • détersion + antisepsie large (antiseptique alcoolique)
ISOLEMENTS DES MALADES

Isolement protecteur

  • Objectif: éviter la transmission des agents infectieux à un patient immunodéprimé
  • Chambre du patient: signalisation, zone air maîtrisé sas/porte fermée, surblouse, masque, hygiène des mains

Isolements septiques

  • Objectif: éviter la transmission des agents infectieux à d’autres patients ou au personnel médical
  • 3 types: isolement respiratoire « air » ou « gouttelettes », et isolement contact (transmission manuportée). Ils dépendent de l’agent infectieux et de son mode de transmission

Mesures communes aux 3 types d’isolement

  • la mise en oeuvre et la levée des mesures d’isolement sont des prescriptions médicales
  • informer les patients, les visiteurs, le service d’accueil si déplacement
  • signaler le type d’isolement
  • organiser des soins
  • isolement technique et géographique

Isolement septique « air »

  • But: éviter la transmission aéroportée des agents infectieux aux autres patients et au personnel soignant
  • Chambre: signalisation, porte fermée
  • Masque spécifique: avant d’entrer, retrait du masque après la sortie, hygiène des mains, bio-netoyage standard

Isolement septique « gouttelettes »

  • But: éviter la transmission des agents infectieux contenus dans les gouttelettes
  • Chambre: signalisation, porte ouverte ou fermée
  • Masque chirurgical: quand proche du patient, retrait du masque si à distance du patient, hygiène des mains, bio-nettoyage standard

Isolement septique contact

  • But: éviter la transmission des agents infectieux aux autres patients et au personnel soignant
  • Chambre: signalisation, hygiène des mains à l’entrée et à la sortie, bio-nettoyage standard, si contact étendu avec patients gants et tablier

 


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